Chroniques, fragments et sentiments

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Par Sarah dv
7 oct. · 1 mn à lire
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Fin de partie

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La pierre dure et chaude est descendue de ma tête à mes épaules. Elle s’est stockée dans mes épaules, comme les exactes manches d’un T-shirt. T. Tititi tatata tititi. C’était ma réponse dans mes épaules. J’avais écouté. 

J’avais envie de me battre avec elle. Je lui ai dit j’ai envie de me battre avec toi. J’avais la pierre dure et chaude dans les épaules et j’ai vu ses bras. Je ne voulais pas me battre avec mes poings, je voulais me battre avec mes muscles, qu’on leur accorde une résistance. La résistance ferrugineuse d’un corps qui se bande parce qu’il peut être mou, la résistance ferrugieuse du sang influant qui ne fait qu’un tour dans le coeur avant de se concentrer dans les paumes et les doigts qui se mettent en combat, rouge coincé dans rouge égale blanc, chauffés à blanc, des os dans leur enveloppe fibreuse qui deviennent métaux. Je voulais être métal contre le sien, encore, éclatant, rebondissant, qui peut être griffé, qui de la morsure garde le sourire et l’humidité, qui reste un, solide, soi, que nos muscles soutiennent nos tas d’os opposés pour qu’on puisse se provoquer l’une vers l’autre : si je pousse je viens vers toi, ne te retourne pas, maintiens moi dans le cercle de la lutte, que tes bras soient la lutte et les cordes, le but et la limite, que tes bras dans ton débardeur me voient comme une matière à engager de face et pas à côté, une matière qui tâche comme du charbon et renvoie la lumière des carats, tiens, ah, quoi ?, ahha ! Parce que la lutte poussée dans l’autre, d’où que vienne le premier fléchissement, le premier regard étonné, finit entre les bras de l’une. Je voulais rejouer. 

(Enfants luttant, Gauguin, huile sur toile, 1888)