Chroniques, fragments et sentiments

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Par Sarah dv
28 août · 2 mn à lire
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Feuilleton d'été 1

Mardi 06 août _ 15h35

La porte d’entrée putain !

Hen

quoi ? 

La porte t’as pas entendu la porte ? 

Non.

Un CLING CLING  de clé lointain, suivi d’un CLONG jeté sur un bois solide et creux

Dans ma tête leur meuble haut et sans battants qui dégueule leurs bottes et leurs chaussures,

putain oui !



Je suis nue, elle est nue derrière moi, j’ai sa bouche sur le dos.

Elle a murmuré “La porte d’entrée putain” et le reste,

Les mots ont vibré dans la cage grand ouverte de mon thorax qui cherchait l’air en grands bouquets.

Elle passe sa tête sur mon épaule,

On se rhabille ? 

J’ai toujours ses doigts dans le velours.


Je serre mes jambes pour eMMerder l’entrée.

HuMM

Qu’est ce que tu fous ? hors de question que ma cousine arrive ou qu’elle nous imagine en voyant courir deux ombres trop dessinées

J’allume la lumière.

T’es con. 

C’est pas ma cousine. 

Ta gueule. 

Elle éteint. 

Nous sommes toujours protégées par l’angle de la petite maison en L.

J’appuie sur sa main la mienne et je mets mon pied sur la première marche de l’escalier, 

T’as toujours des bonnes idées toi.


Je l’entraine, nous grimpons, 

Elle est plus grande que moi, elle suit sur la marche juste en dessous.

Penchée en avant, je porte son poids. Elle m’aide, dans l’angle de mon œil je vois qu’elle sourit, elle nous retient à mon ventre de sa deuxième main. 

Ma marche, jambe gauche jambe droite, et l’ascension font jouer ses doigts comme jamais, je roule des cuisses et du cul comme jamais.

Wow tu kiffes.

Sa deuxième main appuie sa tranche sur mon ventre, elle nous retient et nous emmène, 

Sa deuxième main et son poids sur mon dos ramassent mon plaisir en ourlet dans mon ventre.

Wow.

A l’étage la chaleur nous attend, je sens ses longs bras en suspens, son courant stagnant qui nous cherchent.


Nos deux pieds nus se posent en même temps sur le palier.

Je donne un tour de cul supplémentaire. 

C’est bien que ta cousine soit là, elle est sympa ta cousine.

Elle est super. A gauche, le couloir.

Je voudrais qu’elle me lèche en rampant sous mes jambes.


Le couloir est sombre et étroit.

Les couloirs sont dangereux, 

Les petits couloirs sans lumière c’est dangereux tu sais, c’est/

Hen


Au bout, une porte entrouverte éclaire sur l’espace à franchir, plus nous nous approchons plus les volumes font des bonds et se détachent des murs. 

Je découvre une armoire beige, une chaise avec des draps, nous passons devant, le coin corné brillant d’un calendrier sur le mat du mur, une table de chevet noire. En un rectangle, le mur devient rideau et au sol, un morceau de carrelage. L’éclat de lumière aspiré par le rideau perle dessus, comme il goutte, l’éclat 

Tout droit, au bout, c’est ma chambre.

Nous allons vers la lumière, vers le laaaser.

Putain commment tu peux parler autant, pourquoi tu parles autant

Hen


Je tends la main vers la porte quand elle rattrape mon bras en écharpe, quand elle me plaque sur le côté et cale mon coude dans le creux d’une bibliothèque. Tout est chaud, le sol, le bois, ses cuisses contre mes fesses, les livres. Je les tiens en poignée et ils impriment fort leurs titres dans mes orbites.

J’adore te baiser. Mais si maintenant tu me parles des livres de ma grand-mère j’te monte en l’air. 


Les meufffffs vous êtes là ?? Faut y aller, Anna, j’ai le gateau bouge là on va être en retard ! 


(Le Soleil, Nicolas de Staël, 1953)