Je cours parce que bientôt je vais pleurer,
Je cours pour la violence,
Je cours pour frapper mon chemin de tristesse,
Je cours ce que je dis.
Je cours pour que le vent,
Je cours pour me blesser la poitrine,
Je cours ou me blesser.
Je cours pour que le ciel.
Pour lui cracher.
Je cours et la branche au passage :
Je l’arrache et m’y arrache la main,
Une poignée de vertes en bouquet
Après la retenue droite la tige.
Je cours pour l’adolescence en humain qui me tient.
Je cours pour voir passer
Des traits dans mes yeux,
Pour étirer
Des phares en lignes de feu,
En lignes d’ombre les oiseaux,
Des silhouettes en un fil.
Je cours à qui m’échappe
Et la nuit vient.
(illustration : Balla, Route de nuit, 1913)